Petite trouvaille du jour

Publié le par taig-khris

Comment avez-vous découvert le roller ?

Taïg Khris : A l'âge de 5 ans, je suis passé sur l'esplanade du Trocadéro à Paris (ndlr : l'un des lieux les plus prisés par les patineurs). Il y avait une telle ambiance que j'ai tout de suite accroché. 



Pourquoi avoir opté pour le roller acrobatique ? 

En fait, c'est venu petit à petit, en grandissant. J'ai commencé à l'âge de 5 ans et j'ai appris des figures de plus en plus acrobatiques. Mais le déclic a été à 15 ans, quand j'ai découvert la rampe (le half-pipe). 



Quelles sont les qualités d'un bon patineur ? 

Bien sûr, il faut être agile et arriver à maîtriser sa peur. Mais je crois que le plus important pour réussir, c'est d'avoir une grande passion pour son sport et d'arriver à se remettre suffisamment en question pour trouver les solutions aux figures difficiles. 



J'ai l'impression que les riders font toujours les mêmes figures sur les rampes. Est-il facile de créer de nouveaux sauts ? Est-ce fréquent ? 

Le niveau est tellement élevé aujourd'hui qu'il est de plus en plus dur de créer de nouvelles figures. Mais je trouve que chaque année, il y a des nouveautés sur le circuit. Cette année par exemple : le double-back 360 (proposé par Eito) et le double-back 540 (par moi). 



J'ai lu que vous avez tenté une nouvelle figure ce week-end au Trocadéro. En quoi consistait-elle et avez-vous réussi ?

Malheureusement, je n'ai pas réussi ma figure ! Je suis tombé sur la tête, les poignets et l'épaule. Mais je l'avais réussie à l'entraînement. Cette figure consiste à ajouter un 540° à l'intérieur du double back-flip. Un 360° dans le premier back-flip et un 180° dans le second. C'est un peu technique ! 

Comment s'est fait votre passage en professionnel ? Qui vous l'a proposé et comment ?

En fait, je m'entraînais déjà depuis des années, et j'avais acquis un haut niveau. Mais la mode du roller traditionnel n'était pas suffisante pour pouvoir en vivre. En 1996, une grande compétition a eu lieu à Paris-Bercy. J'ai eu la chance de finir à la 5e place et d'avoir une proposition de contrat de la part de Rollerblade, le soir même de la finale. 



Peut-on vivre du roller aujourd'hui dans l'hexagone ?

Oui, mais difficilement. Il y a 10 ans, la mode avait tellement décollé que les marques investissaient beaucoup dans le marketing et le sponsoring d'athlètes. Malheureusement, aujourd'hui, il faut vraiment sortir du lot ou faire partie des dix meilleurs mondiaux pour arriver à en vivre correctement. 




Pensez-vous que votre sport n'est pas assez médiatisé ? 

Oui, totalement. Mais c'est un sport jeune. Et je suis certain que, dans le futur, les sports de glisse en général prendront le pas sur les sports "traditionnels" avec le changement de générations (et notamment chez les médias).



Quels moyens utilisez-vous pour faire connaître et démocratiser votre sport ? 

J'utilise tous les moyens que j'aie entre les mains. J'essaye de travailler jour et nuit pour construire des projets qui aideront les sports extrêmes, et mon avenir par la même occasion. 
Exemple : j'essaye de convaincre les télés de diffuser ce sport. J'ai eu la chance de présenter sur France 3 une émission quotidienne avec du sport extrême, et j'anime aujourd'hui l'émission Genex sur Extrême Sports Channel. 
J'ai une société d'événementiel qui organise entre 30 et 40 événements de sport extrême par an aux quatre coins de la France, pour les mairies et les sociétés. 
J'ai une autre société qui fabrique et vend, dans la grande distribution, des gammes de papeterie scolaire pour les gamins (agendas, cahiers, classeurs...) à mon effigie et à celle d'autres sportifs. 
Je conseille les villes et notamment la Mairie de Paris, et j'essaye de les encourager à construire des espaces de glisse (projet du XVIIIe arrondissement de Paris : un énorme bowl en béton pour le roller, le skate et le BMX, ouverture été 2007). 
Enfin, j'ai lancé une gamme de boisson énergétique "Néo", qui sera en magasin à partir du 1er octobre. 



Que pensez-vous du BMX (freestyle) en France qui n'est que très peu médiatisé, en comparaison avec les Etats-Unis, alors que de bons sportifs locaux se font embaucher là-bas ?

Le BMX a le même problème de médiatisation que tous les sports extrêmes en général. Il est vrai que les Etats-Unis ont au moins 10 ans d'avance sur nous concernant ces sports.

Quelle impression cela vous a-t-il fait de devenir champion du monde en 2001 ? Quelle était l'ambiance aux X Games ? 

Devenir champion du monde et remporter les X Games a été un moment extraordinaire, et surtout un rêve de gamin. L'ambiance des X Games est hallucinante. Il y avait 25 000 personnes dans la salle, et 300 millions de téléspectateurs. Ce qui est dur, c'est que durant une compétition comme celle-là, on a parfois un peu de mal à profiter de l'événement à cause de la concentration. Par contre, une fois la finale terminée, on est sur un nuage. 



A quand le roller et autres X-games aux Jeux Olympiques ? 

Bientôt. Je sais que le roller était en discussion pour faire son apparition aux JO. Malheureusement, ce n'est pas passé. Mais je suis sûr que tôt ou tard, les JO vont faire entrer les sports extrêmes pour rajeunir leur public et donner plus de spectacle. J'essaye au maximum de faire bouger les choses. Je suis en train d'essayer de monter un dossier pour la cérémonie d'ouverture de Pékin en 2008. 



Quelle est votre figure acrobatique préférée ? 

Ma figure préférée, c'est le Mc twist, simplement parce que je la contrôle vraiment bien, et donc je peux profiter en l'air de la rotation. Mais il y a d'autres figures que j'aime beaucoup. Simplement, il y a le côté peur qui gâche un peu le plaisir. Le Mc twist, c'est un tour et demi dans les airs avec un passage tête en bas, au milieu de la rotation. 



Combien de chutes au compteur ? Vous avez arrêté de compter ? Quelle est votre plus belle gamelle ?

Si je dois compter, je dois être à près de 30-40 000 chutes. Juste pour donner un exemple : il m'a fallu 2 000 essais avant de réussir pour la première fois le double flap spin, que j'ai inventé. Et pour les accidents, la liste est longue. Opéré des deux genoux, des deux épaules, des poignets, des chevilles, etc... Une quinzaine de fractures au total ! 



A quel rythme vous entraînez-vous ? Tous les jours ? Trois fois par semaine ?

Ça dépend. Aujourd'hui, mon programme est vraiment serré. Entre les émissions, les sociétés, les entraînements et la vie privée, c'est difficile. Mais en préparation d'une grosse compétition, je m'entraîne au moins 4-5 heures par jour. Désormais, j'arrive à moins m'entraîner parce que j'ai tellement travaillé en étant jeune que j'ai acquis une très bonne base. 

Etes-vous venu dans les locaux de L'Internaute Magazine en rollers ?

Non (rires). Depuis maintenant quelques années, j'ai trop de choses à gérer et ma voiture est devenue mon bureau. C'est l'endroit où je passe tous mes appels et où je travaille en quelque sorte. 



Avez-vous du temps à consacrer à d'autres sports ? 

A d'autres sports, pas trop. Aussi parce que je fais toujours le fou, et je n'ai pas envie de me blesser bêtement. Mais c'est vrai que j'aime beaucoup le snow board, le surf, tous les sports de glisse. Par contre, pendant mon temps libre, je fais pas mal d'activités comme le piano, la guitare, le théâtre ou bien encore du design. 



Enseignez-vous le roller à des plus jeunes ? 

Oui. J'ai toujours aimé enseigner et transmettre les méthodes d'apprentissage que je n'ai pas eues étant gamin. Mais je n'ai pas beaucoup de temps, donc je n'ai pas d'école. J'entraîne juste quelques champions et jeunes talents, qui patinent avec moi. 



Je ne connais pas trop le monde du roller. Quelles sont les principales compétitions ?

Il existe dans tous les sports extrêmes un circuit professionnel similaire à l'ATP dans le tennis ou à la NBA dans le basket. Il y a donc des étapes aux quatre coins de la planète, avec un classement mondial. Les 3 plus importantes sont les X Games, compétition créée par ESPN, une chaîne de télévision américaine, les Gravity Games, créés par NBC, et la finale des championnats du monde ASA (l'ASA est le nom du circuit mondial). 



Quelles valeurs véhiculent le roller sur rampe ? 

Les riders en rampe ont des valeurs beaucoup plus sportives que les autres patineurs, parce que pour obtenir un bon niveau, la rampe demande obligatoirement du professionnalisme et des années d'entraînement. 



Le roller n'est pas donc réservé à un public d'ados en folie comme on le voit sur la chaîne de télévision ESPN ?

C'est vrai que les sports de glisse sont souvent pratiqués par des jeunes un peu "rebelles", qui sont à la recherche de grandes sensations et de liberté. Mais le roller en rampe se démocratise, s'ouvre à un public plus large

Pensez-vous déjà à votre reconversion ?

Oui. Je suis obligé d'y penser. J'ai déjà 31 ans et surtout beaucoup de responsabilités. Je m'occupe de mes parents depuis au moins dix ans, donc je dois assurer mes arrières. J'essaye surtout de développer des projets qui sécuriseront mon avenir, aideront les sports extrêmes, tout en restant libre. 




Gagnez-vous plus d`argent avec les compétitions ou avec les activités annexes (publicité, sponsoring). Pouvez-vous dire combien vous gagnez à peu près par mois ? 

Les compétitions n'ont jamais rapporté beaucoup d'argent. Les sponsors par contre étaient assez importants il y a huit ans. Aujourd'hui, mes activités annexes me rapportent plus d'argent que le roller. Mais si je dois résumer sur les dix ans de carrière, le roller m'a quasiment rapporté un million d'euros. 



Et le mannequinat, ça ne vous tente pas ? 

Ça m'aurait tenté, mais je ne suis pas assez beau ni assez grand ! En plus, je réalise que dans le mannequinat, on ne crée rien, et je ne supporte pas de participer à des projets sans y amener quelque chose. 

Quels rollers utilisez-vous ?

Des Rollerblades. J'ai commencé avec les Rollerblades il y a dix ans parce que j'étais sous contrat avec la marque. J'ai aidé la société à développer de nouveaux produits et à améliorer leurs patins. Aujourd'hui, je ne suis plus sponsorisé par Rollerblade mais je suis habitué à ces rollers. J'estime que ce sont les meilleurs patins du marché. 



Quelle a été votre réaction quand on vous a proposé de créer un jeu vidéo inspiré de vos exploits ? 

J'étais ravi. C'était aussi un rêve de gamin qui se réalisait. J'ai beaucoup joué aux jeux vidéos quand j'étais plus jeune. Pouvoir faire des figures à des hauteurs hallucinantes avec mon personnage, c'était génial !



Quelles sont vos idoles ? 

Je ne suis pas quelqu'un qui aime le "star system" ou idolâtrer des gens. Je respecte vraiment les parcours de champion et de comédien mais la performance n'est pas toujours le plus important pour moi. Il faut que la personne soit forte dans sa tête et qu'elle gère correctement son image. Les gens que j'admire : Tony Hawk bien sûr, Travis Pastrana, Bruce Lee, Matt Hoffman et Danny Way. 

Si vous n'aviez pas été rider, quel métier auriez-vous aimé exercer ? 

Quand j'étais plus jeune, je n'avais vraiment aucune idée. Mais aujourd'hui, je suis passionné par plein d'autres métiers, en lien avec le cinéma, la musique et le business. 



Avez-vous déjà participé à la randonnée du vendredi soir "Pari roller" dans la capitale ?

Plein de fois ! J'ai commencé le roller en faisant des centaines de randonnées avec mes potes, et on rêvait justement d'avoir les rues à nous et de voir plus de patineurs. Donc les randonnées du vendredi soir, c'est super. 



Pas trop difficile de reprendre la compétition après une double opération ? 

Si, c'est très très dur. Les gens ne se rendent pas compte des doutes, des sacrifices, des risques que j'ai dû prendre pour revenir au top. 




Taïg Khris : Je remercie tous les internautes qui ont participé à ce chat. Pour tous les non-pratiquants, essayez le roller, c'est un sport extraordinaire, qui vous donne des sensations de liberté et de grandes poussées d'adrénaline. Je rappelle que tout le monde peut me retrouver à 15h30 sur Extrême Channel.

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